Pétition adressée au Président de la République, au Ministre de l’Économie et des Finances, et à la Ministre de la Transition Écologique :
Un coût initial multiplié par 5, 10 ans de retard au moins, des malfaçons et fraudes à foison… Le réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville est un fiasco. Le bon sens exigerait de s’arrêter là et d’engager maintenant une transition énergétique sans nucléaire.
Pourtant, EDF persiste ! Depuis plusieurs années, elle pousse pour la construction de six nouveaux réacteurs EPR et a même quasiment arrêté les trois sites pressentis : Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord), tandis que Bugey (Ain) et Tricastin (Drôme) sont en concurrence pour le troisième.
Depuis plusieurs mois, l’intérêt du gouvernement pour relancer le nucléaire ne faisait plus mystère. Le 9 novembre 2021, Emmanuel Macron a commencé par annoncer une relance de la construction de réacteurs nucléaires. Ce 10 février 2022, il a enfin dévoilé son programme : 6 nouveaux réacteurs comme convenu avec EDF, mais aussi étudier la construction de 8 autres, ainsi que de petits réacteurs modulaires ! Et par-dessus le marché, revenir sur les fermetures de réacteurs déjà prévues.
En annonçant ces constructions comme une évidence déjà décidée, Emmanuel Macron révèle son immense mépris pour la population. Nous devons nous mobiliser en urgence pour faire barrage à ces projets !
Le gouvernement a repoussé la diffusion d’un rapport officiel de l’ADEME contredisant Emmanuel Macron
Mediapart s’est procuré un rapport de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), l’agence publique de la transition écologique, selon lequel il n’y a aucune nécessité de construire de nouveaux réacteurs EPR. Mais le gouvernement a repoussé la diffusion de ce rapport : le président de la République allait annoncer des projets contraires.
Dans ce rapport de l’Ademe, qui présente quatre scénarios de production d’électricité pour la France de 2050.
La publication de ce document, qui devait être faite entre mi-janvier et début février 2022, a été repoussé le ministère de la transition écologique car « des éléments d’analyse complémentaires sont en cours de finalisation entre l’agence et les services du ministère. Ils sortiront quand le travail sera abouti. » (déclaration de Barbara Pompili, ministre en charge).
Le seul souci est que ce rapport est manifestement finalisé.
La véritable raison du report de cette publication tient à son contenu : alors que la candidat-président vient d’annoncer la commande de 6 EPR, et l’étude pour 8 autres, l’Ademe affirme qu’il est tout à fait possible de s’en passer. Selon eux l’éolien en mer flottant est « une alternative économique crédible à de nouvelles centrales nucléaires », même en cas de forte hausse de la consommation d’électricité.
Source : article de Médiapart du 11 février 2022 de Jade Lindgaard
https://www.mediapart.fr/journal/france/110222/nucleaire-le-gouvernement-repousse-la-diffusion-d-un-rapport-officiel-contredisant-emmanuel-macron
Pendant longtemps, le gouvernement a prétendu qu’il n’y aurait pas de décision sur de nouveaux réacteurs avant le démarrage de l’EPR de Flamanville, prévu pour 2023.
Dans les faits, il discutait étroitement avec EDF pour rendre ce projet possible et lui permettre de bénéficier du soutien financier de l’État. Criblée de dettes, confrontée à des dépenses importantes, EDF n’a pas les moyens de financer seule ces constructions. Ce sont donc nos impôts qui financeraient plus de la moitié de ce projet, sans compter une partie des surcoûts !
Le 9 novembre, Emmanuel Macron a annoncé que la France se lancerait dans la construction de nouveaux réacteurs. Ce 10 février 2022, il a dévoilé l’entièreté de ses plans : non seulement construire les 6 réacteurs prévus, mais également étudier la construction de 8 autres, parsemer la France de petits réacteurs… et revenir sur les arrêts déjà prévus !
Cette annonce est révoltante par son aveuglement sur la situation de l’industrie nucléaire et son mépris pour la démocratie.
Alors que la France peut s’engager vers le 100% renouvelable, il serait aberrant qu’elle se lance dans cette impasse dangereuse, productrice de déchets ingérables, qui gaspillerait des sommes qui feraient défaut à la lutte contre le changement climatique. Prétendre produire de l’électricité « bas-carbone » avec une technologie lente, chère et sujette aux retards est un leurre total. Tant que ces réacteurs seront présents à l’horizon, le gouvernement ne fera pas le nécessaire pour engager le changement de modèle énergétique dont nous avons besoin.
L’industrie nucléaire et ses soutiens politiques font pression pour présenter ces constructions comme inéluctables, faisons-nous entendre et refusons ces projets qu’on veut nous imposer !
Texte de la pétition
Monsieur le Président de la République, Monsieur le Ministre de l’Économie et des Finances, Madame la Ministre de la Transition Écologique,
Je souhaite vous exprimer ma profonde opposition quant à votre volonté de construire six à quatorze nouveaux réacteurs EPR dans les décennies à venir, ainsi qu’au projet du gouvernement de revenir sur les fermetures de réacteurs déjà prévues.
L’avenir énergétique de notre pays relève de choix de société qui devraient normalement appartenir aux citoyen.nes. Annoncer ces constructions comme une évidence déjà décidée, qui s’accompagnera de débats de pure forme n’ayant pas vocation à remettre en question ces projets, est révélateur d’un immense mépris pour la population.
Je refuse que la délibération sur le sujet se retrouve réduite aux débats dans le cadre de l’élection présidentielle et que le candidat qui remporte l’élection soit considéré comme ayant carte blanche pour lancer ces projets.
Le respect dû aux jeunes générations exigerait de faire le nécessaire pour engager dès maintenant la France dans une transition énergétique ambitieuse pour faire face à l’urgence climatique, en faisant évoluer en profondeur notre système de production et de consommation, en favorisant la sobriété, en encourageant l’efficacité énergétique (notamment par une politique ambitieuse de rénovation des logements) et en développant les énergies renouvelables. A contrario, envisager la construction de nouveaux réacteurs est un non-sens. Comme le montre l’exemple de l’EPR de Flamanville, cela reviendrait à gaspiller des dizaines de milliards d’euros dans une technologie dangereuse, polluante, sujette aux retards et surcoûts, au détriment des vraies solutions.
Comme l’indique un rapport dévoilé par le site Contexte.com, les nouveaux réacteurs souhaités par EDF nécessiteraient beaucoup plus de temps que prévu pour sortir de terre, et ne seraient pas à l’abri d’aléas entraînant d’importants retards. Tabler sur de tels projets pour produire une électricité « bas-carbone » serait la plus sûre manière de rater nos échéances de réduction d’émissions et d’échouer face à l’urgence climatique.
À l’inverse, les travaux récents (RTE, négaWatt) montrent que nous avons le choix de notre modèle énergétique et qu’il est possible d’atteindre nos objectifs climatiques et la sécurité d’approvisionnement en tablant sur le 100 % renouvelable.
Je vous exprime donc mon opposition catégorique à la poursuite de ces projets de nouveaux réacteurs. En pleine crise économique, l’argent public n’a pas vocation à venir financer une telle aberration et le choix de notre avenir énergétique doit revenir aux citoyens.