Ci-dessous les positions des 12 candidat.e.s sur le nucléaire, et la vérification de certaines de leurs affirmations, afin de déterminer votre choix pour le 1er tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022.
Nathalie Arthaud
Aucune mention du nucléaire dans le programme de Lutte Ouvrière. Interrogée à ce sujet, la candidate refuse de s’engager, arguant que « Poser le problème en termes de « sortir » ou « ne pas sortir » du nucléaire, indépendamment des conditions sociales et économiques dans lesquelles nous vivons, est au mieux une impasse, au pire une diversion. Car c’est tout le capitalisme qui représente un danger mortel.«
Nicolas Dupont-Aignan
Dans son programme, Nicolas Dupont-Aignan ambitionne de « maintenir le nucléaire à 70% de la production d’électricité minimum »
Nicolas Dupont-Aignan et le nucléaire : déni de la réalité
Ainsi qu’il le dit en citant de Gaulle « il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités« , tout à fait exact Mr Dupont-Aignan :
La réalité du nucléaire peut se symboliser par des dates : 28 mars 1979 – Three Mile Island, 26 avril 1986 – Tchernobyl, 27 décembre 1999 – la centrale du Blayais dans l’estuaire de la Gironde frôle la catastrophe suite à la tempête frappant la France, 11 mars 2011 – Fukushima .
La réalité c’est le fiasco de l’EPR de Flamanville,
La réalité, c’est le danger mortel que nous fait courir cette énergie mortifère,
La réalité c’est des centaines de milliards investi dans le nucléaire au détriment des énergies renouvelables.
La réalité c’est des centaines de tonnes de déchets radioactifs que nous léguons aux générations futures.
Monsieur Dupont-Aignan, la réalité du nucléaire c’est ça.
Anne Hidalgo
Dans son programme, la candidate promet qu’ « il n’y aura pas de construction de nouveaux EPR ou de petits réacteurs modulaires. Le nucléaire sera utilisé comme énergie de transition, sans sortie précipitée pour ne pas faire flamber le prix de l’énergie. »
Anne Hidalgo vise “2050, peut-être un peu au-delà” pour la fin du nucléaire.
Dans son programme, pas d’ouverture de nouvelles centrales mais la prolongation de celles déjà en place : « Je suis pour le grand carénage », c’est à dire allonger la durée d’exploitations des centrales nucléaires, au-delà des quarante ans prévus.
Yannick Jadot
Dans son programme, le candidat promet l’arrêt d’une dizaine de réacteurs nucléaires au moins d’ici 2035 et sortir du nucléaire entre 2040 et 2050 et assurer une électricité 100% renouvelable à cette date.
Yannick Jadot a signé le Manifeste pour la sortie du nucléaire.
EPR de Flamanville : position contradictoire
Sur l’EPR de Flamanville cependant, sa position est en contradiction avec la charte qu’il a signé (« je m’engage à abandonner tout projet de nouvelles constructions nucléaires« ) car il ne veut pas obligatoirement l’arrêter :
sur Public Sénat le 4 mars 2022, à la question du rédacteur adjoint de Presse de la manche Chrismaël Marchand « déciderez- vous de ne pas démarrer ce réacteur et de tirer un trait sur tout ces milliards investis ? » il répond : « Je fais un audit de l’état de ce chantier. Sur Flamanville, il est nécessaire d’avoir une commission parlementaire qui étudie cet audit. Sur cette base-là, on regarde si on poursuit ce chantier ou on le stoppe.«
Il parait nécessaire de l’interpeller sur ce point, car il s’est engagé à abandonner tout projet de nouvelles constructions nucléaires, et l’EPR de Flamanville n’est pas encore démarré.
Source : La Presse de la Manche 4 mars 2022
Sa position est contradictoire avec sa volonté de ne pas construire de nouveaux réacteurs.
À quoi sert d’envisager le démarrage de l’EPR de Flamanville à une date encore inconnue (Yannick Jadot admet lui-même que l’EPR n’entrera pas en service avant des années, si jamais il entre en service), dont on sait maintenant qu’il faudrait de toute façon l’arrêter pour changer le couvercle de la cuve, pour l’arrêter définitivement quelques années plus tard, tout en connaissant les risques inhérent à ce réacteur ?
Jean Lasalle
Jean Lasalle a désormais une position pro-nucléaire dans son programme : « Rénover et prolonger de 25 ans les centrales nucléaires en fin de vie.
Développer les centrales nucléaires de 4ᵉ génération. Investir dans l’énergie de demain avec la fusion (projet ITER de Cadarache).«
Marine Le Pen
Marine Le Pen affiche une position pro-nucléaire. Elle communique notamment sur son souhait de construire 20 nouveaux réacteurs (cinq paires d’EPR pour 2031 et cinq paires d’EPR 2 pour 2036) – source Les Échos 14/03/22
Réouverture de Fessenheim
Elle veut également ré-ouvrir la centrale de Fessenheim. Que même le président d’EDF dise que c’est impossible techniquement et économiquement, que la centrale soit déjà en cours de démantèlement, aucun problème selon Marine le Pen : on réouvre !
La même Marine Le Pen qui déclarait le 23 février 2020 sur RTL « On ne peut pas. C’est fermé, c’est fermé. C’est éteint, c’est fini, c’est fermé«
Son plan nucléaire au nom de Marie Curie – de l’institut contre le cancer du même nom !
Elle a déjà un nom pour son plan nucléaire : « Marie Curie », il faudrait signaler à Mme Le Pen que Marie Curie s’appelait en réalité Maria Skłodowska Curie, de nationalité Polonaise, morte d’une leucémie radio-induite, et que son nom est celui d’un institut de traitement et de recherche sur le cancer.
Il serait de très mauvais goût de donner son nom à un plan de construction de centrales nucléaires qui, en cas d’accident et pour les survivants, provoquent des cancers mortels.
Emmanuel Macron
Relance du nucléaire tout azimut
Lors de son discours à Belfort du 10 février 2022, Emmanuel Macron a annoncé la relance du nucléaire et sa volonté de construire 14 réacteurs de plus et qu’aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l’avenir et soit prolongé au delà de 50 ans (le même Emmanuel Macron qui déclarait le 27 novembre 2018 : « 14 réacteurs de 900 mégawatts seront arrêtés d’ici à 2035 … Il restera alors à organiser la fermeture de 12 réacteurs entre 2025 et 2035 : quatre à six réacteurs d’ici 2030, le reste entre 2030 et 2035 « ).
Il veut aussi développer des nouveaux « petits » réacteurs (Small Modular Reactor) partout en France.
Et évidemment continuer (et amplifier) le fiasco de Flamanville.
Discours de Belfort : des mensonges assumés
Un extrait de son discours de Belfort mérite qu’on s’y attarde : « Nous garantissons aux Français des conditions de sécurité inégalées, parce qu’EDF exploite son parc avec une transparence absolue et que l’Autorité de sûreté nucléaire est sans aucun doute le régulateur le plus exigeant du monde.«
– « Nous garantissons aux Français des conditions de sécurité inégalées » : avec les innombrables malfaçons sur le chantier de l’EPR de Flamanville, on peut avoir des doutes sur les « conditions de sécurité inégalées » garanties aux Français.es
– « transparence absolue d’EDF » : on voit bien le niveau de transparence absolue d’EDF lors du scandale de la forge du Creusot (voir ici l’excellent article de France Culture) : EDF et AREVA était au courant depuis 2005 que des pièces non conformes à la réglementation de plusieurs centrales ont été fournies par la forge du Creusot. Parmi elles, la cuve de l’EPR de Flamanville. Suite à la découverte de ces défauts, il s’est avéré que des falsifications avait été effectuées sur plusieurs centaine de dossiers de fabrication (voir article édifiant ici) du site de Creusot Forge que Areva avait racheté en 2006 (histoire de ce rachat ici)
Voilà la « transparence absolue » que vante Emmanuel Macron !
– « l’Autorité de Sûreté Nucléaire est sans aucun doute le régulateur le plus exigeant du monde » :
le régulateur le plus exigeant du monde … qui autorise EDF à installer la cuve du réacteur de l’EPR alors qu’il en connait les risques de rupture (du à des concentrations en carbone trop élevées dans le fond et le couvercle de la cuve) , rupture qui doit être exclue sous peine de catastrophe nucléaire.
le régulateur le plus exigeant du monde … qui valide la demande d’EDF de s’exempter de contrôles sur les circuits primaires et secondaires de l’EPR pour faire des économies, tout en sachant que des problèmes de soudures ont été détectées.
Jean Luc Mélenchon
Dans son programme, le candidat promet de « sortir du nucléaire, abandonner les projets d’EPR, et planifier le démantèlement, la réhabilitation et la reconversion des sites nucléaires et de leurs bassins de vie« .
Jean Luc Melenchon a signé le Manifeste pour la sortie du nucléaire.
Il prend comme base pour son programme en matière de transition énergétique le dernier scénario NégaWatt qui vise le 100% renouvelable par trois méthodes : sobriété énergétique, efficacité énergétique, énergies renouvelables et fermeture du dernier réacteur nucléaire en 2045.
Valérie Pécresse
prolongation des réacteurs en fin de vie, 6 nouveaux EPR, relance projet réacteur 4ème génération
Valérie Pécresse affiche une position pro-nucléaire.
Dans son programme 2022, elle indique notamment vouloir « Arrêter immédiatement le plan de fermeture des 12 réacteurs pour en prolonger le fonctionnement jusqu’à 60 ans et lancer 6 nouveaux EPR dont 4 à démarrer d’ici 2035« . Elle se prononce également pour la relance du projet Astrid (abandonné depuis 2019, ce projet était dans la lignée du fiasco de Superphenix) pour un nouveau réacteur dit de 4e génération.
A noter que le 13 juillet 2018, elle déclarait « Aujourd’hui, la région engage sa responsabilité pour dessiner un chemin de progrès vers une Île-de-France décarbonée en assumant de sortir progressivement du nucléaire ». Le lobby nucléaire a du la rappeler à l’ordre.
Elle parle d’EDF comme d’un « fleuron industriel de la france » : manifestement elle « oublie » le fiasco de Flamanville.
Déformation des propos du GIEC
LR ment dans ses propositions concernant l’énergie, en disant « nous souhaitons préserver et développer notre capacité nucléaire, conformément aux préconisations du GIEC » .
Un mensonge quand on lit dans le rapport du GIEC 2018 en page 5 du chapitre 4 : « La faisabilité technique, sociale, économique et politique de l’énergie solaire, de l’énergie éolienne et les technologies de stockage d’électricité se sont considérablement améliorées au cours des dernières années, tandis que celles de l’énergie nucléaire et du captage et stockage du dioxyde de carbone (CSC) dans le secteur de l’électricité n’ont pas montré les mêmes améliorations« . Le GIEC ne préconise absolument pas le développement de l’énergie nucléaire (d’ailleurs le GIEC ne veut en aucun cas prendre le rôle de prescripteur) mais au contraire souligne que les énergies renouvelables sont de plus en plus efficace, au contraire de l’énergie nucléaire.
Alors que le rapport du GIEC nous oblige à rapidement réduire les émissions, il n’est pas envisageable de choisir la technologie de production électrique la plus lente et coûteuse à déployer, ainsi que la plus sale et risquée.
Voir ici une analyse du rapport du GIEC
Philippe Poutou
Dans son programme, le candidat promet de « mettre fin au nucléaire » en 10 ans, la fermeture immédiate des réacteurs de plus de 40 ans et de développer massivement les énergies renouvelables.
Il est également pour l’abandon des projets d’enfouissement des déchets nucléaires (CIGEO).
Philippe Poutou a signé le Manifeste pour la sortie du nucléaire.
Fabien Roussel
Fabien Roussel affiche une position pro-nucléaire. Dans son programme 2022, il annonce vouloir construire « au moins six nouveaux réacteurs ».
Nucléaire : Fabien Roussel – Emmanuel Macron sur la même ligne
Le parti communiste salue même la relance du programme électro nucléaire Français d’Emmanuel Macron dans son discours de Belfort du 10 février 2022, la seule différence étant la méthode.
Le PCF historiquement pro nucléaire
Fabien Roussel avait, comme Marine Le Pen et la droite de l’époque, condamné la fermeture de Fessenheim en 2020, mais ne demande pas sa réouverture.
A noter également que le parti communiste était contre l’arrêt de Superphénix qui à l’époque était la « fierté de l’industrie nucléaire Française », comme le Fiasco-Flamanville l’est aujourd’hui. La « fierté de l’industrie Française » n’aura fonctionné que 174 jours. Si jamais il réussi à démarrer, l’EPR de Fiasco-Flamanville battra-t-il ce record ?
Eric Zemmour
prolongation de la durée de vie des réacteurs, 14 nouveaux EPR
Eric Zemmour veut ouvrir 14 nouveaux réacteurs EPR en France d’ici 2050, prolonger la durée des vie des centrales à 60 ans et ré-ouvrir la centrale de Fessenheim.
Réouverture de Fessenheim
Il déclare, les larmes aux yeux, sur l’antenne de BFMTV le 8 mars 2022 : « je suis allé à Fessenheim, c’est la plus vieille centrale nucléaire de France, mais ! mais à l’intérieur c’est la plus moderne ! tout est flambant neuf !, je rouvrirais Fessenheim ! » (il faut savoir que le monsieur est un spécialiste du nucléaire, il suffit qu’il rentre 5mn dans une centrale fermé depuis 2020, en cours de démantèlement, pour voir que « tout est flambant neuf » !)
Que le patron d’EDF lui-même dise qu’il est impossible techniquement et économiquement de rouvrir cette centrale, que la centrale ne soit plus entretenu, qu’elle ne soit pas aux normes post-fukushima, ce n’est pas grave, Z est venu, il a vu et il rouvre cette centrale !
